Samedi 19 novembre, le FN a présenté son nouveau programme, qui a été étudié notamment par le RPF (Rassemblement pour la France) de Nicolas Stoquer (Président) et Tomas Vanicek (Conseiller du Président pour les questions économiques et énergétiques). Alors que le RPF avait laissé la porte ouverte au FN avant l’été 2011, afin de pouvoir juger sur pièces, il claque la porte au nez de la présidente du FN désormais. Pour citer Nicolas Stoquer : “Nous ne voulions pas rejeter le FN a priori, mais nous la rejetons a posteriori.” Voici pourquoi, en exclusivité pour Enquête & Débat.
Tomas Vanicek et Nicolas Stoquer sur le… par enquete-debat
Vers une alternative au Front National chez les patriotes !
La rumeur court le tout Paris ! Marine Le Pen ne réussirait pas à obtenir les 500 parrainages lui permettant de présenter sa candidature lors de la prochaine élection présidentielle. Ce qui aurait été finalement inconcevable avec le père deviendrait imaginable avec la fille. Pourquoi ? Parce que Marine Le Pen a jeté aux orties ce qui faisait la légitimité traditionnelle du Front National, c’est-à-dire un discours anti immigration, autoritaire sur le plan social et libéral en matière économique pour lui substituer une logique souverainiste dévoyée flirtant avec l’altermondialisme et l’analyse néo marxiste. Et si le système a toujours reculé devant la tentation d’empêcher l’expression de cette famille de pensée aux diverses élections, le Front National occupant seul ce créneau politique ayant les faveurs d’une minorité non négligeable de l’opinion publique, il pourrait bien cette fois ci ne pas y résister au prétexte que le nouveau crédo de Marine Le Pen est déjà fort bien représenté à ces élections avec, pour ne citer que les candidats crédibles sur le plan électoral, Jean-Pierre Chevènement et Jean-Luc Mélenchon. Le déni de démocratie ne pourrait pas ainsi être évoqué comme à l’habitué et qui permettait in extremis à Monsieur Le Pen d’obtenir à chaque fois et dans la dernière ligne droite, comme par enchantement, le précieux sésame. Marine Le Pen rejoindrait alors après Philippe Seguin ou encore Dominique de Villepin, le cimetière politique qui attend tous ceux qui, par manque de persévérance et de force d’âme, auront abandonné ce qui faisait leur légitimité singulière pour un miroir aux alouettes et ses fausses promesses en termes de pouvoir et de dividendes électoraux immédiats.
A abandonner la proie (la droite dure) pour son ombre (le discours ni droite ni gauche), incapable par populisme et ressassement des querelles du passé (la décolonisation) de trouver un déboucher de centre droit à ses idées, le Front national version Marine bascule des pans entiers de son fond de commerce idéologique à l’extrême gauche. L’immigration devient l’armée de réserve du capital, la dette souveraine le complot des marchés et des spéculateurs, les relations internationales le terrain de jeu de la CIA, le nucléaire une énergie dangereuse dont il faudrait pouvoir se passer, le gaz de schistes qui donnerait du pétrole à la France une nuisance intolérable pour l’environnement. Encore un effort et le Front national deviendra le bon élève d’une société à bout de souffle qui rêverait de décroissance.
L’équinoxe du Printemps 2011 avait pourtant été prometteur avec le discours gaullien du premier mai, l’ouverture promise aux élections législatives qui pouvait faire espérer la fin de la politique du pire qui par la multiplication des triangulaires donnait un boulevard à la gauche. Les feux de la Saint Jean et les suites d’un été atypique auront tué dans l’œuf toutes les belles promesses et à l’automne, dans cette salle équinoxe, les occasions perdues se ramasseront elles à la pelle. Reste aux premiers et derniers transfuges du Front pour ne pas être associés au sigle « infamant » d’entonner en rang d’oignon un bien piteux chant d’amour à la maitresse des lieux. A partir trop tôt pour griller les petits copains, on termine dans la trappe ! Et c’est à la mère Ubu cette fois ci que s’adresse ce fort cocasse cantique des cantiques.
Les vrais bâtisseurs de la future maison commune, la maison de toutes les droites, trouveront au moins un avantage à cette situation peu commune. Il n’y aura bientôt plus rien qui ne subsistera du passé à la droite de l’UMP. Alors, plutôt que le séant entre deux chaises, un immense espace s’offrira comme une conquête à droite après le reflux des eaux matricielles suite à l’implosion annoncée du Front National. Gageons que l’Union pour un Mouvement Populaire n’y survivra pas, qui privée de sa part d’ombre qui dessinait ses contours, pourrait exploser laissant l’espace de centre droit entre des mains nouvelles avec qui une droite plus affirmée finira bien tôt ou tard à s’arranger dans l’intérêt supérieur de notre camp politique et pour le succès de nos idées communes.
Nicolas STOQUER
