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Le catholique, voilà lennemi !
Il ne veut pas de viande halal le vendredi
Publié le 12 avril 2011 à 6h00 dans causeur.fr
« Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson le
vendredi par respect pour la laïcité. » La phrase est prêtée à Roland Ries, sénateur-maire (PS) de Strasbourg, qui aurait répondu ainsi à des parents délèves lui demandant pourquoi
les restaurants scolaires de sa ville servent de la viande halal, mais ne font pas maigre le vendredi. En moins dune journée, la saillie du maire de Strasbourg a fait le tour de la cathosphère,
suscitant des réactions allant de 1 à 7 sur léchelle de Hessel.
Javoue, pour ma part, avoir beaucoup de mal à prêter quelque crédit à la réalité des propos du maire de Strasbourg. Seul un alpiniste
aguerri pourrait atteindre un tel Himalaya de la sottise. Or, Roland Ries na pas de piolet, mais une agrégation de Lettres. Il connaît le sens des mots.
Au cas où il aurait réellement fait cette réponse déconcertante, on lui conseillera de réviser son catéchisme. La consommation de viande halal nest pas un trait de la « diversité » culturelle, mais une prescription formelle du Coran tout entière contenue dans la célèbre
Sourate La Table. Quant à labstinence carnée du vendredi, elle est édictée au canon 1251 du Code de droit canonique : « Labstinence de
viande ou dune autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de lannée, à moins quil ne tombe lun des jours marqués comme solennité; mais
labstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus-Christ. »
Donc, dans lun et lautre cas, nous avons affaire à deux prescriptions religieuses. Se pose
alors une question : en quoi lune menacerait la laïcité, tandis que lautre serait un hymne irénique à la diversité ? Lislam serait-il plus divers que
religieux ? Attention ! Le zemmourisme guette : on vous dit aujourdhui que les prescriptions alimentaires sont une question de diversité quand elles sont musulmanes, demain on vous
chantera que la plupart des musulmans sont arabes ou noirs
Et que faire des coptes, des maronites, des syriaques, des arméniens et des guèzes établis à Strasbourg et qui font maigre le vendredi
: ne sont-ils pas aussi « divers » dans leurs provenances et leur pratiques culturelles que le premier musulman venu ?
Pourquoi ce qui est concédé à certains au nom de la « diversité » ne le serait pas à dautres
en vertu du même principe ? Cest que la « diversité » dont il est question nest pas un principe,
mais un strict synonyme dislam. Toutes les religions menacent la laïcité, à lexception de la musulmane. Et ça, ça ne fait pas débat, comme on dit à lUMP.
Nempêche, affirmer que labstinence carnée est une menace contre la laïcité : on navait pas vu ça depuis le petit père Combes, quand les
laïcards se distinguaient chaque vendredi en faisant ostensiblement bombance de gras. Nous en sommes donc revenus à ces temps-là : le catho qui ne mange
pas de viande halal le vendredi, voilà lennemi !
Toutes ces questions liées à lislam rendent fou. Parfois par électoralisme, parfois par simple bêtise, elles font perdre à chacun lusage du
sens commun.
Et le sens commun, en matière de laïcité, cest que la question religieuse nentre pas dans
lÉcole de la République. Elle na pas à y mettre les pieds, ni à y pointer son nez. Rien à cirer que lon y serve de la viande le vendredi et quelle ne soit pas halal ou casher le reste de la
semaine : la seule question qui se pose, dans lÉcole de la République, cest de savoir si le petit Pierre, le petit Mohammed ou la petite Sarah savent lire, écrire, compter.
Tout le reste na aucune importance. Tu manges ce quon te sert ! Et si tu nen veux pas, cest la même chose. Il y a une bonne raison à cela :
la vocation première de lÉcole, cest de nourrir ses élèves, mais pas de nourritures terrestres. À la rigueur, on peut leur servir un verre de lait par jour, aux gosses. Mais uniquement parce quon
est bon et quon a gardé par-devers soi un vieux fond mendésiste.
Lorsquon a la cervelle tourneboulée par le multiculturalisme, on en vient à
servir du halal dans les cantines, du casher et du je-ne-sais-quoi encore. Un jour, cest les parents dun petit hindou qui sindignent que lon serve du veau aux repas. Le lendemain, cest un
rastafari végétarien qui pleure à côté de son copain taoïste parce quil y a de la viande tout court à la cantoche. Et vous finissez avec le rejeton dune
famille pratiquant le cannibalisme rituel ; et là vous ne savez rien dire dautre que : « Non, ne bouffe pas le cuistot ! Et retire mes doigts de ta bouche. »